« Grande sœur » de la pédagogie institutionnelle, la psychothérapie institutionnelle en partage l’éthique et, partant, tous les fondements (par-delà les spécificités de chaque technique évidemment, et bien que là encore la circulation entre lesdites techniques se montre bien plus fertile que leur supposée irréductibilité). La circulation de mon travail entre les deux aires est permanente, non seulement pour des raisons de proximités historiques et pratiques, mais également parce que, via la pédopsychiatrie de Pierre Delion, pédagogie et psychothérapie institutionnelles dessinent un paysage tout à fait singulier de l’enfance, aidant ainsi à repenser en profondeur l’aube de l’existence chez les humains, et la permanente précarité de l’humanisation en nous tous.
Aux abords de la psyché et de la clinique, qu’elle soit psychiatrique, psychanalytique, pédagogique, artistique, ou de partout où de l’humain se trouve engagé dans de l’existence, je trouve depuis toujours des veilleuses dont la parole témoigne d’un savoir qui s’est éprouvé à l’aune, traversée, de l’angoisse, du désir, du sens. Pathei mathos, le savoir par l’épreuve, syntagme venu d’Eschille, et érigé par Jacques Schotte au rang d’emblème de son anthropopsychiatrie. Une praxis dont le savoir le plus strict tisse éthique et logique en ce postulat : la folie est fondatrice de l’humanité, la folie est penser, et jusqu’au fond de l'abîme d'une folie ratée devenue maladie à vie, demeure du fantasme, du désir, du sujet. Se tenir au plus près du lointain de l’autre, passion éthique du métier de psychiatre selon Jean Oury — ou du psychiste, comme l’appelait Francesc Tosquelles (qui nommait la psychanalyse « déconniatrie »…). Pour cela, une logique : celle qui consiste à « greffer de l’ouvert » (Oury), et que, en sémiotique peircienne, Michel Balat nomme la logique vague, ouvrante, abductive.