Séminaire coopératif Clinique et critique des langages, des discours et des praxis

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Vous trouverez sur cette page les documents et informations relatifs aux séminaires et colloques que je dirige ou auxquels je participe, seul ou en collaboration.

Cette partie rassemble enregistrements, vidéo ou audio, et documents autour des différentes séances de ce qui se dessine comme un séminaire coopératif, ou « Scoop ».

Une page collective accueille l’ensemble des séances de différents séminaires qui constituent la chronique d’un espace collectif de travail, celui d’un séminaire coopératif né à l’occasion du confinement du printemps 2020, et continué depuis, par périodes et selon des ambiances et des participations différentes.

Une page d’invites accueille des paroles amies venues partager leurs pensers, agirs et existences.

La page de propositions constitue une prise de parole, écrite ou orale, qui m’engage plus personnellement.

Sens, éthique et pertinence

Ce que j’ai immédiatement appelé « séminaire coopératif » n’a rien de programmatique : ce nom m’est apparu évident comme un idéal, point de repère venu de loin, depuis mes années d’élève dans des classes coopératives.

Il est mis sous le signe d’un trio insécable : sens, éthique et pertinence. Cette insécabilité entre sens, éthique et pertinence désigne le régime propre des praxis. Je tente de m’expliquer depuis Le Sens du précaire, ma thèse de doctorat dont le sous-titre était : Sens, éthique et pertinence dans l’analyse praxique du discours de la pédagogie institutionnelle. Je présente rapidement ces trois mots dans la séance du 6 novembre 2020, entre 3h12 et 3h35. Toutefois, ce séminaire ne « parle pas de » ces trois concepts : elle tente de les parler, de les faire vivre, c’est-à-dire d’en être digne. Jamais gagné… Il s’agit de l’essai d’une aire qui porte, accueille et respecte la singularité des paroles de chacune de ses participantes.

Ce séminaire, enfin, est avant tout un lieu, un repère et, selon le taux d’acidité pathogène des temps, un repaire, pour qui en accepte les lois d’organisation et d’échange, décidées et maîtrisées ensemble. Ce lieu est bricolé, comme la pensée sauvage de praticiennes qui tâtonnent de conserve, et bon an, mal an, institutionnalisent ce lieu de rencontre, entre autres avec les outils des pédagogies coopératives (conseil, Quoi de neuf, bilan-météo, textes libres, etc.).

Parfois, des séances partiront ailleurs dans ce site, se lover dans des niches plus appropriées. Mais c’est d’ici, et plus particulièrement de la page du « travail collectif », que sera né le projet de déposer ces traces conservées.

Actuellement, « Sens, éthique et pertinence » est le titre d’un séminaire proposé dans le cadre du parcours « Éducation tout au long de la vie » du mastère en Sciences de l’éducation de l’Université de Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Ce séminaire n’est pas isolé. Il a des liens proches avec les séances de « Clinique, pratique et sémiotique » : cet autre séminaire du parcours ETLV continuera le cheminement de cette « clinique et critique des praxis, des discours et des langages » qui constitue le programme de recherche et de direction de recherche que je propose à qui désirerait s’y adjoindre. Par ailleurs, cet ensemble est lié avec le Diplôme universitaire « Psychothérapie institutionnelle et psychiatrie de secteur » créé par Frank Drogoul à l’Université de Paris 7 Denis-Diderot, dont certaines séances sont audibles dans une sous-partie d’ « Aux bords de la clinique ».

Un repère dans le précaire

On coopère à partir de nos fragilités, pour en conserver la vertu de fertilité et ne pas la transformer en une faiblesse et un échouage sous le poids des aliénations massives aux doxas. Autant dire immédiatement que ce séminaire coopératif n’a rien d’un optimisme chevauchant les possibles démultipliés des nouvelles technologies, d’une quelconque « innovation » ou « expérimentation » et autres fascinations de mauvais aloi. Il s’agirait plutôt d’un désespoir raisonnable, né sur fond d’un désastre social et politique, qui apparaît à l’occasion de la crise sanitaire, laquelle n’est que la révélatrice d’une ruine minant le lien social que le milieu universitaire devrait au contraire, comme tant d’autres lieux contemporains, aider à renforcer.

Loin d’un tel idéal, qui constitue à mes yeux la seule justification d’un service public gratuit, universel, de la recherche et de sa transmission, cette crise — dont nous serons longtemps, longtemps loin de sortir — nous force à nous replier sur des lieux qui nous restent à peu près accueillants. En l’occurrence, ici, un artefact de vidéos pixellisées, de sons nasillards, de connexions qui sautent — mais de quoi au moins ne pas totalement céder à la déliaison et à la désintégration d’un non-lieu.

Il est clair que, dans le registre de la castration symbolique, nous sommes bien conscientes de l’inachèvement de ce qui, ici, se machine pour ne pas laisser se clore ce qui demande à s’inscrire.

Aucune caution, aucun sauvetage de quelque valeur que ce soit d’un système académique délabré ne saurait se trouver dans ces plages d’action restreinte, de praxis. Aucune contestation, non plus : d’autres espaces existent pour ça. Et nous n’avons pas que cela à faire.